La compulsion de répétition verbale est l’état contrariant normal de ma tête, et j’imagine de toutes les autres. Plutôt que tocs, j’appelle les unités mobiles de cette compulsion des « mentismes », d’après le terme forgé par Dumont de Monteux en 1865 dans son « autopathographie ».

L’autopathographie est un genre d’œuvre radical qui consiste à s’écrire, comme sur le mode biographique, à ceci près que le s’ ne réfère pas à une personne en tant que bloc individuel moral et affectif, mais en tant que pelote de symptômes. L’autopathographe dit : je ne suis que le support de symptômes, et je peux dire ces symptômes miens seulement dans la mesure où je les imagine dans l’écriture.) Pour décrire l’effet d’un « mentisme », Dumont concatène de nombreuses images qui se corrigent les unes les autres :
• une braise allumée qui tournoie dans l’esprit ;
• un strabisme au cerveau ;
• des idées qui s’invitent, discutent entre elles dans la tête, sans égards pour le « maître du logis » ;
• les oiseaux de la volière mentale qui soudain s’effarouchent ;
• une crampe au mollet mais dans le cerveau ;
• le cheval de la pensée devenu frénétique.
(Et c’est à peu près ça.)